Léna - Paris

Peux-tu te présenter ?

Je m'appelle Léna, j'ai 24 ans, j’ai grandit dans le Gard (sud de la France), aujourd'hui j'habite en région parisienne. Je suis journaliste et parallèlement je suis aussi modèle.

Peux-tu me décrire ta tenue du jour ?

Je porte une robe fleurie de chez Pretty Little Thing , ainsi que des boucles d’oreilles dorée fantaisie.

Quel est ton style ?

Je porte tout ce qui me plaît ! Je m’habille beaucoup dans les tons nude : beige, les nuances des marrons ; et en ce moment j'aime le orange. J’ai parfois des commentaires de personnes plus minces : « je n’aurais pas osé ». On se met des barrières, à l'adolescence je m’empêchais de mettre certaines tenues par exemple...

A partir du moment que je me suis rendu compte que je pouvais tout porter, je l'ai fait !

Comment a commencé ton aventure dans le mannequinat ?

J’ai commencé à faire du mannequinat en France. Ensuite, j’ai déménagé en Angleterre, où j’ai été contacté par des agences. En Angleterre, j’ai rencontré des modèles avec qui j’ai fait plusieurs des projets artistiques, c'était très enrichissant.

Puis, j’ai du rentrer en France, et j'ai pu constater qu'il y a très peu d’opportunités pour les Plus-Size Models (mannequin grande taille).

Comment expliques-tu cela ?

En France, le monde de la mode est très stéréotypé. Il y a une certaine vision de la beauté, et une invisibilisation de certains corps et certaines personnes. C’est dommage car il y a un marché, et il y a de l’argent à se faire. Aux Etats- unis et aux Royaume uni, ils l'ont compris, il y a une offre mode plus large. Je pense par exemple aux grandes tailles. Il y a énormément de femme qui font une taille supérieur au 42.

A ton avis, s'il y a des opportunités de business, pourquoi cela n'avance pas ?

Je pense que les sociétés de mode françaises pensent que cela nuit à leur image de marque, comme je le disais plus haut il y a des standards. On veut une fille très fine, souvent blanche... Les marques françaises s'accrochent à l'image de "la Parisienne", qui en faite n'existe pas... Il y a un vrai travail sur la représentation à faire.

Que faudrait-il faire pour que les choses évoluent ?

Il faudrait que les gens qui sont actuellement à tous les postes clés dans l'industrie de la mode, soient remplacés par de nouvelles personnes. Des personnes peut-être plus jeunes, beaucoup plus de femmes, et également des personnes racisées. Ca permettrait d'amener un vent de fraîcheur, et une nouvelle vision.

Où trouves-tu tes vêtements ?

J'achète principalement en ligne : Boohoo, Ali express, Fashion nova, Asos, Pretty Little thing.

Globalement, j’ai arrêté les magasins, car c'est un peu déprimant, on ne trouve pas toutes les tailles, on se prend parfois les regards condescendants des vendeuses... Je fais du 44, je peux trouver des choses en magasin mais c’est difficile.

Et lorsqu'on trouve des habits grandes tailles chez certaines enseignes, ils sont mal coupés, car pas pensés correctement : on ne grossit pas proportionnellement des hanches et des mollets...

Je trouve mon bonheur sur internet, l'inconvénient c'est qu'il faut toujours anticiper pour un achat.

Où achètes-tu ta lingerie ?

Aujourd’hui j’achète chez Savage x Fenty by Rihanna; avant c'était plutôt Etam mais leurs modèles s'avèrent souvent trop petits. Mais, j'avoue que je préfère ne pas en porter.

As-tu des références mode grande taille ?

La marque de lingerie de Gaby Fresh, j'adore son univers ! Gaby est une mannequin américaine plus size, qui a lancé sa marque haut-de-gamme. Je pense que j'achèterais tout si j’étais riche !

Elle a un réel succès : les collections sont très belles et en rupture de stock en permanence. Malheureusement il n'y a pas de revendeurs en France.

On critique parfois le physique des mannequins plus-size, quand penses-tu ?

Souvent l'argument est la santé. Pour ma part, on s'inquiète de mon poids, des inconnus me parlent de danger de mort…alors que je suis en parfaite santé. Parallèlement, on ne questionne pas l'état de santé des personnes maigres. Pourtant, je vois beaucoup de gens minces avec des troubles alimentaires lors de casting et d’événements professionnels. On a associé prise de poids et mauvaise santé, alors qu'il n'y a pas de corrélation.

que penses-tu des marques qui essayent d'être plus inclusives, en terme de diversité des corps dans leurs campagnes publicitaires ?

Petit à petit les standards changent. Maintenant il y a des mannequins en taille 36, pas uniquement 34 comme dans les années 90. Cependant, dans la réalité on croise plutôt des femmes entre 40 et 60...

En France, on a une image de la mode, telle qu'elle doit être ,et on s’accroche à cette vision. On fait des vêtements pour des personnes qui n’existent pas, et la plupart des gens font tout pour correspondre à cet idéal. Il n'y a presque pas de travail pour les modèles plus-size, mes contrats sont principalement à l'étranger. De plus, c'est toujours les mêmes modèles plus-size qui sont contactés pour les campagnes françaises, on impose de toute évidence aussi un certain standard pour les grandes tailles.

Vois-tu le mannequinat comme un projet à long terme ?

Pour l’instant j’ai le vent en poupe, j’en profite, même si je ne pense pas faire du mannequinat toute la vie.

Où peut-on suivre tes aventures mode ?

Sur mon instagram : @cheva__