Issa - Paris
- cannellegodran
- 29 avr. 2018
- 6 min de lecture

Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Issa, j’ai 28 ans. Je suis né en France, et j’ai des origines du Mali, de Guinée et du Liban.
J’ai passé une partie de mon enfance au Mali et en Guinée, mais je suis revenu définitivement en France à l’âge de 4 ans, après le décès de mon père.
Après avoir obtenu un Bac Pro vente, et avoir pas mal voyagé. Aujourd’hui, je suis titulaire d’un master responsable commercial et marketing.
Quel endroit as-tu choisi pour voyager ?
Je suis allée au Royaume-Uni, dans la ville de Brighton, dans le sud de l’Angleterre.
Là bas, j’ai travaillé et pris des cours de langue. Il y fait bon vivre, j’ai découvert une belle ouverture d’esprit. J’ai vraiment aimé l’expérience.
A Brighton, les gens vivaient un peu dans leur communauté. Par exemple, dans mon quartier il y avait des skateurs. Mais cela allait plus loin que les vêtements, ils formaient aussi un groupe à travers leur style de vie.
C’est ce voyage qui a été le point de départ de mon attrait pour la mode.
Avant ça, tu ne t’étais jamais intéressé à la mode ?
Il faut savoir qu’au lycée, je voulais devenir acteur, car j’ai toujours aimé jouer la comédie.
Je ne m’étais pas vraiment autant intéressé aux vêtements. Plus jeune, je mettais ce que ma mère pouvait m’acheter. Je suivais aussi le courant de mode à l’américaine, comme mon frère. Je n’avais pas conscience que je faisais parti d’une communauté, d’une tribu.
Comment se fait-il que ton attrait pour la mode naisse à l’étranger, alors que tu viens de Paris qui est connue pour être la ville de la mode ?
En France, la mode est très présente car il y a un savoir-faire, des grandes maisons de couture, de nombreuses boutiques et d’évènements autour de cela, mais cela n’implique pas nécessairement l’ouverture d’esprit sur le sujet. Même à Paris, qui est la « capitale de la mode ».
La mentalité française est beaucoup dans le paraître, et ce qui est acceptable. On porte des vêtements car c’est la tendance, mais on intègre pas forcément la mentalité qui va avec.
Au Royaume-Uni, je découvre une liberté, je n’ai pas à me préoccuper du regard des autres.
Ton attrait pour la mode a-t-il pris le dessus sur l’acting ?
A mon retour en France, j’ai toujours dans l’idée d’être acteur. J’aime le cinéma. Un monde dans lequel je peux me réfugier de la société. Qui me permet de développer mon propre univers, créer mes propres règles, et d’explorer mon côté créatif.
En effet, un acteur change constamment de personnage, de vie, de problématique… Cela me va bien, car depuis l’enfance je n’ai jamais aimé les choses rigides.
Comment t’y prends-tu pour devenir acteur ?
Pour devenir acteur, je fais un book (modèle/acteur) pour passer des castings.
Mes efforts payent, je me fais des contacts, et je participe à des défilés pour les Galeries Lafayette. Je pose pour des marques comme Adidas ou Puma; ainsi que d’autres marques de créateurs moins connus.
J’obtiens aussi des rôles de figurants, ou silhouettes (figurant avec des interactions avec les acteurs principaux), notamment dans le film « Intouchable » avec Omar Sy. Et j’incarne un rôle dans un téléfilm « Les Crapuleuses » (FRANCE 2).
Grâce à ces expériences dans le mannequinat, je met un pied dans le monde de la mode.
Avec des marques comme Adidas sur ton cv, cela t’ouvre-t-il des portes à l’étranger ?
Je suis très motivé, et je décide de tenter ma chance aux USA, j’obtiens des rendez-vous dans des agences, mais qui n’aboutissent pas aux contrats espérés. La barrière de la langue est importante, et je n’ai pas une bonne connaissance du marché américain. Je réside à Washington, et je me rend compte que les agences qui correspondent plus à mon profil sont sur la côte ouest…
Bien que mon projet professionnel n’aille pas dans la direction prévue, je retrouve cette mentalité anglo-saxone qui me plaît tant. Cette curiosité des autres, une ouverture d’esprit dans la mode mais aussi au niveau humain.
Que fais-tu après ce séjour aux USA ?
Après mon séjour aux USA, je reviens à Paris et j’entre en école de mode. Je suis en alternance en tant que styliste-infographiste.
A cette période, je fais la connaissance de Manu Reas, un styliste, pour qui je suis d’abord modèle photo. S’ensuit une collaboration. Ensemble, on imagine une collection de noeud papillon, puis une collection de vêtements modulables (homme et femme).
Ensuite, on se lance dans la haute couture: des robes de cocktail « sportwear » c’est-à-dire avec un choix de coupe et de matière confortable. On présente 2 collections lors de la Fashion week de Paris. J’ai « surkiffé » cette aventure. J’ai appris énormément sur le terrain.
Cela m’a motivé à poursuivre des études pour me spécialiser dans le développement commercial et marketing de marque.
Aujourd’hui, comment abordes-tu ta manière de t’habiller?
Je ne me prend pas la tête sur le style. Je m’habille au feeling. Je ne suis pas la mode, si quelque chose me plaît je l’achète : j’aime bien être simple.
Mon style est en harmonie avec mon mode de vie. Actuellement, j’essaie de travailler sur ma spiritualité. Je trouve qu’on est trop « focus » sur le regard des autres. On devrait se concentrer sur ce qu’on peut apporter au monde qui nous entoure. D’ailleurs, j’ai la conviction que la mode a une influence sur la société et vice versa.
A une période, je portais principalement des chemises et des polos, un peu BCBG. Dans le milieu du business « l’habit fait le moine »… Aujourd’hui, j’ai appris à prendre de la hauteur, ne pas m’arrêter sur la vision des gens.
Quel est ton look idéal ?
Mon look idéal : un pantalon à pince un peu évasé, des chaussettes colorées, des chaussures de ville et une chemise fleurie.
Et comment définirais-tu ton look ?
Mon look a des inspirations rock/punk revisité, avec une touche chic.
Quels sont les pièces favorites de ton dressing ?
Mes chaussures favorites : des baskets Nike Talaria.
Et sinon mes chemises : les graphiques, les fleuris !
Quel est selon toi le meilleur endroit pour faire du shopping ?
Le mieux pour le shopping reste le Royaume-Uni, bien que cela soit devenu un peu trop cher. J’aurais toujours une affection particulière pour le Royaume-Uni, car c’est là-bas que j’ai créé mon style, et que j’ai appris à m’habiller.
As-tu une source d’inspiration mode ?
Mon inspiration principale : Kanye West.
Son clip « Mercy » est une vraie référence pour moi : dans le concept, dans l’aspect visuel. D’ailleurs, tous les vêtements dans la video sont des créations de Kanye West.
J’ai aussi beaucoup aimé la collaboration de Kanye West et Jay-Z, avec Givenchy.
Pour moi Kanye est un génie, il lance des tendances, il a vraiment une haute influence. On le voit lorsqu’il lance des baskets, par exemple, nombreuses sont les marques à s’inspirer de ses modèles. Kanye West est le Andy Warhol des temps modernes.
Il est aussi une vrai inspiration personnelle dans l’idée d’entreprendre. Cela m’encourage à ne pas me mettre de barrière dans la créativité.
Quels sont tes projets futures?
Mes projets sont liés au textile, au design et l’entreprenariat. Je souhaite lancer un cabinet.
Une partie de l’activité sera consacrée à l’import-export de tissu africain, sur mesure, fabriqué en Afrique de l’Ouest. Le but étant de donner une nouvelle image au tissu africain, et l’amener hors des sentiers battus. Qu’ils puissent être utilisé par n’importe quel style de créateur.
La seconde partie sera du consulting pour des créateurs dans le design. Proposer un accompagnement dans le développement de leur business. Elaborer des plans stratégiques et marketing. Ou proposer des études de marché.
Viens-tu d’une famille avec des connexions dans le milieu de la mode ?
Je n’ai pas du tout une famille connectée au milieu la mode. Je suis tombé dedans par hasard, comme je le disais, dans mon désir de devenir acteur. Mais on m’encourage beaucoup, notamment sur le projet des tissus, je suis épaulé par ma famille.
De quelle manière aimerais-tu influencer le monde, la société avec ces projets ?
Ce que j’aimerais apporter au monde avec ce projet. C’est de casser les codes. Ce qui est vrai, ce n’ait pas forcément ce qui est fait par tout le monde. Je veux encourager à : oser, créer, imaginer, partir à l’aventure, aller au bout de ses idées et ses convictions… Se dire que c’est possible !
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